Madama Butterfly

A priori, Puccini est pour moi synonyme d’emphase et de sentimentalisme exacerbé. Madama Butterfly est le premier opéra de Puccini que je mets en scène et celui qui me paraît le plus contenu, le plus intimiste. [Je décèle] dans cette œuvre une part importante de retenue, surtout chez le personnage principal. Avec Cio Cio San, Puccini réussit à faire de la puissance, du débordement, une force qui construit l’intime, la sincérité, la profondeur du personnage. L’expressivité italienne se met là au service de la description de l’intériorité.

Les deux aspects apparaissent parfois aussi pour opposer deux mondes qui ne réussissent pas à communiquer. De ce fait, le Japon n’est pas ici un élément exotique, anecdotique, mais devient un véritable geste esthétique permettant de plonger dans la psychologie de la jeune fille amoureuse et qui va aller, la tête haute, jusqu’au bout de son destin. Cet aspect de la dramaturgie nous interdit toute tentation de faire du décoratif [...]

Emmanuelle Bastet