Orlando

Vertige de l’amour

L’amour rend-il fou ? Haendel trouve la réponse à cette question dans l’Orlando furioso (le Roland furieux) de l’Arioste, un chef-d’œuvre absolu du récit d’aventures qu’il réduit à quelques personnages dont il magnifie l’aspect héroïque et vertueux. La complexité de l’intrigue amoureuse pourrait se comparer à celle d’un origami japonais que la musique déploie avec une étonnante et immédiate lisibilité. Au centre de l’histoire, un couple d’amoureux, la belle Angelica, reine de Cathay, et le prince africain Medoro – tous deux courtisés par Orlando, noble chevalier, et Dorinda, une bergère innocente.

La metteuse en scène Jeanne Desoubeaux choisit de transposer l’opéra dans un musée, faisant du groupe d’enfants venus le visiter les témoins de scènes fantastiques quand les personnages des tableaux prennent vie et font s’affronter le désir et le devoir, l’ambition et la jalousie. La tension amoureuse fera momentanément basculer Orlando dans la folie, juste avant que le mystérieux magicien-philosophe Zoroastro n’intervienne pour l’exhorter à se tourner plutôt vers la gloire militaire, ce qui ne manquera pas de questionner au passage nos modernes stéréotypes de genre…

« Fais-moi combattre
des monstres et des taureaux,
Mais ne touche pas
mon cœur. »

Un film et un livre pour aller plus loin :

• Sérénade à trois (Ernst Lubitsch, 1933) : Bien que situé au XX^e siècle, ce film de Lubitsch capture l’esprit des amours baroques par sa sophistication, ses dialogues ultra élaborés et son intrigue riche en rebondissements.
• Orlando (Virginia Woolf) : Roman culte sur l’identité et la métamorphose, traversant les siècles et les genres – une parfaite résonance contemporaine à la folie lyrique de l’Orlando baroque. (Folio classique)