I Didn’t Know
Where To Put
All My Tears /
Curlew River

Une rivière sans retour

Vérité ou illusion, vie ou mort… où sont les frontières quand un être bascule dans la folie ? Inspiré du théâtre Nô, où tous les rôles, même les rôles féminins, sont joués par des hommes, Benjamin Britten imagine Curlew River comme la parabole d'une femme racontant la disparition de son fils, sa « folie » devenant peu à peu l’expression d’une force intérieure. 

Silvia Costa imagine cette pièce en diptyque avec la création mondiale du compositeur serbe Marko Nikodijević dans le cadre du laboratoire de création lyrique, NOX (Nancy Opera Xperience). Substituant un chœur de femmes au choeur masculin, cette œuvre raconte les origines de la rivière mystérieuse : une femme creuse la terre de ses mains, y dépose des larmes donnant vie à cette rivière comme lieu pour pleurer son propre destin.

La metteuse en scène, qui signe également le livret, fait dialoguer les deux récits dans une mise en scène inspirée des codes du théâtre japonais, où l’épure, l’abstraction et le silence deviennent de puissants vecteurs d’émotion.

« La Rivière aux courlis, coule doucement,
Jusqu’à la vaste mer verte,
Coule, coule, jusqu’à la mer. »

Un film, un livre et une conférence pour aller plus loin :

• L’Innocence (Hirokazu Kore-eda, 2023) : Cette œuvre interroge la complexité des relations enfantines, la responsabilité des adultes et la frontière trouble entre victime et coupable. Au fil d'une narration fragmentée et subtile le film révèle une société prompte à juger, où la marginalité et la différence deviennent suspectes. En écho à l'opéra de Britten, il partage une même quête de rédemption, un regard sur la souffrance intérieure à travers un récit porté par le silence et la retenue. (à découvrir au Cinéma Cameo Commanderie, plus informations ici)
• Cinq Nô modernes (Yukio Mishima) : Une excellente porte d’entrée dans l’univers du théâtre Nô, dont Curlew River reprend la structure et l’esthétique symbolique. (Gallimard, collection Du monde entier)
• En découvrant le théâtre Nô, qu’a découvert Britten ? Avec Jean-Pierre Marchand, philosophe (art, architecture, esthétique). Mer 11 mars à 18 h à l'Opéra (plus informations en ici)